samedi 14 janvier 2012

Comment briser la mainmise des agences de notation.

Pour la version originale en anglais, cliquer ici.

Standard & Poors vient de déclasser la note pour neuf pays de la zone euro, y compris la France, qui a perdu son statut de "triple A". Nous pouvons donc nous attendre à des mesures d'austérité sanglantes parce que les banques vont réclamer encore plus d'intérêts qu'elles ne le font déjà. Vrai?

Faux!! Il n'est absolument pas nécessaire que les contribuables à travers l'Europe soient obligés d'accepter ce chantage.



L'une des raisons de la dégradation de la note S&P de la France est que les banques françaises sont trop exposées, après avoir prêté de grosses sommes d'argent au gouvernement grec, des sommes que les Grecs  ne peuvent pas rembourser. Ce n'est guère surprenant étant donné que les taux d'intérêt qu'ils paient viennent d'augmenter encore une fois, de 17,92% en Novembre, à 21,14% en Décembre, ce qui signifie que leurs paiements d'intérêt sont maintenant en train de manger 30,6% de leur PIB. Ce niveau d'intérêt est complètement stupide. Peut-être la prochaine étape sera de leur offrir des prêts de type "payday" à 4000%, comme ceux offerts à des millions de gens désespérés au Royaume-Uni?

En réalité, il existe deux façons parfaitement raisonnables de sortir de cette situation ubuesque. La première est basée sur l'idée que j'ai proposé récemment que tire avantage du paragraphe 2 de l'article 123 du traité de Lisbonne, qui permet à la BCE de prêter aux établissements de crédit publics. Ce fait a été délibérément occultée par Mario Draghi, qui prétend que le traité de Lisbonne l'empêche de prêter aux gouvernements. D'après lui, et la quasi-totalité des commentateurs, il n'a le droit  de prêter qu'aux banques commerciales.


Ainsi, lors de la prochaine journée d'activation de la planche à billet que la BCE compte organiser le 29 Février prochain, un établissement de crédit public tel la Caisse française des Dépôts et Consignations pourrait parfaitement emprunter € 340 milliards auprès de la BCE, et le prêter au gouvernement grec, qui pourrait alors utiliser l'argent pour rembourser intégralement les €340 milliards de ses dettes envers les banques. Immédiatement, les Grecs seraient en mesure de rembourser la dette via la Caisse des Dépôts à la BCE à 1%, au lieu du taux 21,14% actuellement imposé par les banques.


Tout le monde devrait être heureux. Les Grecs pourraient économiser quelques € 67 milliards par an en paiements d'intérêts. Mais cela signifie aussi que les banques et les gouvernements dans les autres pays n'auront plus de soucis à cause de leur exposition à la dette grecque. Les chiffres sont présentés dans ce graphique tiré d'une reportage de la BBC.


Ainsi, la France serait en mesure d'amortir € 56,7 milliards d'exposition,  l'Allemagne pourrait récupérer € 33,9 milliards, et même le Royaume-Uni serait en mesure d'annuler € 14,6 milliards. Ca vaut la peine n'est ce pas?


Ceci ne devrait être que du  bon sens pour le gouvernement français. Alors pourquoi ne pas le faire? Allez Sarkozy - faites le dès maintenant, et dites à Standard and Poors ce qu'ils peuvent faire avec leur notes!


Mais il y a une deuxième façon d'extraire les Grecs des sables mouvants dans lesquels ils sont engloutis. Et pour cela, nous n'aurions même pas à attendre la prochaine journée de cadeaux pour les banques de la BCE prévue le 29 Février. Le fait est que, après le 21 Décembre, lorsque la BCE a jeté € 489 milliards d'argent bon marché  dans les bras de 523 banques, la plupart de cet argent a été aussitôt redéposé à la BCE - où le taux de rémunération se limite à 0,25%. Quand j'ai demandé à la BCE qui avait emprunté cet argent, et de combien, on m'a dit qu'il s'agissait d'informations confidentielles. Nous n'avons donc aucun moyen de savoir qui sont ces banques qui n'ont rien de mieux à faire avec 479 milliards.

Mais cela signifie qu'il y a des banques qui se sont assises sur une montagne d'argent qui pourrait très bien être utilisé pour résoudre la crise grecque d'un seul coup. Lundi dernier, il y avait € 464 milliards garés avec la BCE. De toute évidence, les banques sont totalement désemparées. Donc, étant donné l'absence totale
d'idées intelligentes, pourquoi ne pas les obliger à prêter au gouvernement grec les €340 milliards nécessaires pour l'annulation de ses dettes?

En principe, les banques devraient être volontaires pour faire une telle démarche. Après tout, les banques françaises pourraient récupérer  €42 milliards immédiatement. Mais, même si elles ne veulent pas, il doit y avoir un moyen pour la BCE de faire pression sur elles pour se comporter de façon responsable?


Si elles refusent, et je crois qu'elles en sont capables, alorsce serait la démonstration la plus claire possible que les marchés libres sont totalement incapables de fonctionner dans l'intérêt général. En effet, la seule interprétation que je puisse offrir est que les banques refusent de prêter de l'argent au gouvernement grec car cela transgresserait la première loi de la banque - à savoir, si vous pouvez forcer les gens à accepter un prêt à 21,14%, vous ne devriez jamais leur permettre d'obtenir de l'argent à 1% - même si la conséquence directe est l'effondrement total du système financier.


Donc, au total, deux façons parfaitement viables pour résoudre la crise. Une qui pourrait être mise en œuvre aujourd'hui, l'autre qui doit attendre le 29 Février.


Y-a t'il quelqu'un qui écoute?

2 commentaires:

  1. Parfaite analyse, les politiques sont les esclaves de ce sytème financier. Ils ne maitrisent plus rien que leur petite carrière. C'est maintenant Goldman Sachs grace à Draghi qui réussit sur la BCE ce que le congrés américain lui avait refusé après les avoir mis à genoux.
    Continue Simon et bon courage.
    BH

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  2. Il me manque une jambe, je suis d accord avec l analyse et la solution mais les banques ont une autre source de revenu les derives OTC comme les CDS. Or ici tout est opaque.

    Si la BCE prend en charge les dettes, cela ne conduit il pas a un autre probleme du fait que ces produits derives de credits sont mal evalues et dont le risque systemique est colossal?

    Regardez JP Morgan cette semaine encore 3 Milliards. Il faudrait en tout ca interdire ces produits de speculation de couvertures sur les dettes publiques. Je pense qu il faut nationaliser les banques sinon elles vont nous tuer, je ne suis ni communiste ni de gauche mais ce que j ai sous les yeux ce n est pas du liberalisme, c est du fascisme.

    Comme le disait De Gaulle Vive la republique, vive la france et dans cet ordre. Notre republique et ns democraties vascillent, reagissons.

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